Et voilà, encore un:
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Son nouvel album, le splendide « Des roses et des orties », sort aujourd'hui. Le chanteur nous a reçus à Astaffort pour découvrir son univers : un restaurant, des vignes, un chai et une grange transformée en studio... Bienvenue chez lui.
LES PLUS OPTIMISTES le jurent : ici, il ne pleut que deux jours par an. Pas de chance. En arrivant à Astaffort, l'accueil est humide.
Des giboulées de mars rythment la route depuis Toulouse. Le soleil joue à cache-cache jusqu'au village de Francis Cabrel. Il est 13 heures dans le fief de la star... qui a faim. « On mange tôt chez nous, moi je me lève à 6 h 30 tous les jours. Ma fille Manon, qui prépare son bac, prend le bus à 7 heures pour aller au lycée d'Agen. Après, je commence à écrire. Du coup, on déjeune à midi pile », explique-t-il en préambule, en nous conviant au Square, l'un des deux restaurants locaux, pour fêter la sortie de son magnifique album « Des roses et des orties » disponible dès aujourd'hui. « Les deux établissements d'Astaffort sont étoilés au Michelin », ajoute le chanteur pas peu fier.
La maîtresse des lieux, Sylvie, ouvre une cuvée 2005 de Boiron, le vin élevé sur les terres de Francis, à quelques kilomètres de là. Elle sert un foie gras mi-cuit parfait, puis un renversant croustillant d'épaule d'agneau cuit huit heures. Pour le chanteur, ce sera un pigeonneau. Bonne adresse effectivement, dont le propriétaire se nomme... Cabrel. « Vous êtes chez lui, ici », avoue son ami d'enfance Michel Latrille, le gérant de cet hôtel restaurant de quatorze chambres qui en a fait l'un des endroits les plus prisés du coin. La femme de l'artiste, Mariette, la Petite Marie de la chanson, apparaît furtivement dans l'environnement élégant qu'elle a imaginé. « Elle m'a dit un jour que cette vieille bâtisse était à vendre, raconte Francis Cabrel. Elle s'est occupée de la décoration et mon frère Phiphi, qui n'avait pas de boulot à l'époque, de la gestion pendant cinq ans. »
« Il ne faut pas déranger l'écriture »
Pour un peu, on n'aurait rien su de ce restaurant estampillé Cabrel. Le chanteur est comme ça : star discrète sans signe extérieur de richesse, si ce n'est un imposant 4 x 4, enfant du pays devenu artiste populaire en toutes régions, que les habitants croisent dans ce village de deux cents âmes comme si de rien n'était. Sa maman habite à 300 m. Son père est mort en 1982. Toute l'histoire de la famille se concentre sur ces quelques kilomètres. « Mes grands-parents sont arrivés d'Italie au début des années 1930. Ils fuyaient la crise économique. La plupart travaillaient dans l'agriculture. Ici, on vit au rythme des saisons. »
Le temps semble suspendu en cet après-midi où la place André-Routier est déserte. « Pendant les concours de pétanque, il y a beaucoup de monde ici. Trop pour que j'y participe. Je n'ai pas envie d'être ridicule ! » rigole le chanteur au milieu du kiosque à musique. Seule véritable activité aux alentours pour l'instant, un duo qui répète dans l'école communale. C'est là que le petit Francis a usé ses culottes courtes. C'est là aussi que, devenu conseiller municipal, il a implanté ses Voix du Sud, formations pour jeunes artistes prometteurs. « Le bâtiment était abandonné. J'ai proposé de le réhabiliter pour en faire un centre musical qui a démarré en 1993. » Cette semaine, Guillo répète en vue de futures premières parties. Cabrel en personne passe de temps à autre distiller des conseils au compte-gouttes. « Il m'avait suggéré d'ajouter un couplet à l'une de mes chansons. Il avait raison », se souvient le jeune musicien. Le maître ne s'immiscera pas davantage. « Il ne faut pas déranger l'écriture », nous dira-t-il un peu plus tard, arrivé chez lui, dans son domaine de 60 ha. Des champs à perte de vue et un calme monacal. « On a racheté ça à un couple âgé. On a planté des céréales bio qui vont dans une coopérative. Il y a du tournesol, du colza, du blé, et bien sûr les vignes. On a aussi quelques poules, des moutons et même des ânes qui sont assez fuyants. Ils ne viennent que quand la petite leur apporte du pain. »
La petite, c'est Thiu, 3 ans, une Vietnamienne que le couple Cabrel a adoptée en 2004. On ne la verra pas. Tout comme la demeure familiale, cachée derrière les différents bâtiments agricoles, dont la grange où a été enregistré son album. « J'écris dans un bureau, une sorte de sanctuaire où quasiment personne n'entre. A peine ma femme et mes enfants. J'ai besoin d'être isolé pour composer. Les chansons existent, sont en suspension dans l'air. Il faut savoir les attraper et, surtout, ne pas être troublé par l'extérieur. » On quitte Astaffort avec quelques clefs sur l'univers Cabrel et, surtout, « Des roses et des orties », nouveau trésor qui nous accompagnera par tous les temps.
(LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN.)
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Son nouvel album, le splendide « Des roses et des orties », sort aujourd'hui. Le chanteur nous a reçus à Astaffort pour découvrir son univers : un restaurant, des vignes, un chai et une grange transformée en studio... Bienvenue chez lui.
LES PLUS OPTIMISTES le jurent : ici, il ne pleut que deux jours par an. Pas de chance. En arrivant à Astaffort, l'accueil est humide.
Des giboulées de mars rythment la route depuis Toulouse. Le soleil joue à cache-cache jusqu'au village de Francis Cabrel. Il est 13 heures dans le fief de la star... qui a faim. « On mange tôt chez nous, moi je me lève à 6 h 30 tous les jours. Ma fille Manon, qui prépare son bac, prend le bus à 7 heures pour aller au lycée d'Agen. Après, je commence à écrire. Du coup, on déjeune à midi pile », explique-t-il en préambule, en nous conviant au Square, l'un des deux restaurants locaux, pour fêter la sortie de son magnifique album « Des roses et des orties » disponible dès aujourd'hui. « Les deux établissements d'Astaffort sont étoilés au Michelin », ajoute le chanteur pas peu fier.
La maîtresse des lieux, Sylvie, ouvre une cuvée 2005 de Boiron, le vin élevé sur les terres de Francis, à quelques kilomètres de là. Elle sert un foie gras mi-cuit parfait, puis un renversant croustillant d'épaule d'agneau cuit huit heures. Pour le chanteur, ce sera un pigeonneau. Bonne adresse effectivement, dont le propriétaire se nomme... Cabrel. « Vous êtes chez lui, ici », avoue son ami d'enfance Michel Latrille, le gérant de cet hôtel restaurant de quatorze chambres qui en a fait l'un des endroits les plus prisés du coin. La femme de l'artiste, Mariette, la Petite Marie de la chanson, apparaît furtivement dans l'environnement élégant qu'elle a imaginé. « Elle m'a dit un jour que cette vieille bâtisse était à vendre, raconte Francis Cabrel. Elle s'est occupée de la décoration et mon frère Phiphi, qui n'avait pas de boulot à l'époque, de la gestion pendant cinq ans. »
« Il ne faut pas déranger l'écriture »
Pour un peu, on n'aurait rien su de ce restaurant estampillé Cabrel. Le chanteur est comme ça : star discrète sans signe extérieur de richesse, si ce n'est un imposant 4 x 4, enfant du pays devenu artiste populaire en toutes régions, que les habitants croisent dans ce village de deux cents âmes comme si de rien n'était. Sa maman habite à 300 m. Son père est mort en 1982. Toute l'histoire de la famille se concentre sur ces quelques kilomètres. « Mes grands-parents sont arrivés d'Italie au début des années 1930. Ils fuyaient la crise économique. La plupart travaillaient dans l'agriculture. Ici, on vit au rythme des saisons. »
Le temps semble suspendu en cet après-midi où la place André-Routier est déserte. « Pendant les concours de pétanque, il y a beaucoup de monde ici. Trop pour que j'y participe. Je n'ai pas envie d'être ridicule ! » rigole le chanteur au milieu du kiosque à musique. Seule véritable activité aux alentours pour l'instant, un duo qui répète dans l'école communale. C'est là que le petit Francis a usé ses culottes courtes. C'est là aussi que, devenu conseiller municipal, il a implanté ses Voix du Sud, formations pour jeunes artistes prometteurs. « Le bâtiment était abandonné. J'ai proposé de le réhabiliter pour en faire un centre musical qui a démarré en 1993. » Cette semaine, Guillo répète en vue de futures premières parties. Cabrel en personne passe de temps à autre distiller des conseils au compte-gouttes. « Il m'avait suggéré d'ajouter un couplet à l'une de mes chansons. Il avait raison », se souvient le jeune musicien. Le maître ne s'immiscera pas davantage. « Il ne faut pas déranger l'écriture », nous dira-t-il un peu plus tard, arrivé chez lui, dans son domaine de 60 ha. Des champs à perte de vue et un calme monacal. « On a racheté ça à un couple âgé. On a planté des céréales bio qui vont dans une coopérative. Il y a du tournesol, du colza, du blé, et bien sûr les vignes. On a aussi quelques poules, des moutons et même des ânes qui sont assez fuyants. Ils ne viennent que quand la petite leur apporte du pain. »
La petite, c'est Thiu, 3 ans, une Vietnamienne que le couple Cabrel a adoptée en 2004. On ne la verra pas. Tout comme la demeure familiale, cachée derrière les différents bâtiments agricoles, dont la grange où a été enregistré son album. « J'écris dans un bureau, une sorte de sanctuaire où quasiment personne n'entre. A peine ma femme et mes enfants. J'ai besoin d'être isolé pour composer. Les chansons existent, sont en suspension dans l'air. Il faut savoir les attraper et, surtout, ne pas être troublé par l'extérieur. » On quitte Astaffort avec quelques clefs sur l'univers Cabrel et, surtout, « Des roses et des orties », nouveau trésor qui nous accompagnera par tous les temps.
(LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN.)
