Note : fff (ce qui veut dire bien en langage telerama, et c'est une très bonne note, la meilleure note étant ffff)
Je recopie le texte:
Francis Cabrel - Des roses et des orties
Ce n'est pas tant la voix qui change, ni l'accent, évidemment. Ce ne sont pas non plus les musiques, même si les incursions rock, folk et latinos s'enrichissent cette fois de résonances arabisantes. Ce qui change surtout, c'est le poids du propos. Comme si Francis Cabrel, le réservé osait assumer une parole plus personnelle qu'hier. L'engagement est flagrant dès le premier morceau : il chante le désir avec une impudeur soudaine, au gré des inflexions sensuelles d'une très belle guitare flamenca; c'est doux, poétique, léger.
Le reste ne l'est pas. C'est la seconde surprise: passé l'insouciance amoureuse, Cabrel a le ton grave, sombre, inquiété, inquiétant. Jamais il n'a porté un chant si politique. Il dit l'Afrique déboussolée qui rêve du Nord mais se cogne à ses barbelés; les fossés trop profonds entre les puissants protégés et le monde déchiré; la folie ordinaire qui guette tout un chacun sous la pression du quotidien. Et puisque, malgré tout, on ne se refait pas, l'appel à la fraternité refait régulièrement surface, comme s'il lui fallait respirer. Sentiments généreux teintés de naïveté...
Cabrel le rêveur côtoie le révolté. Preuve qu'après trente ans de carrière un chanteur consacré au discours longtemps consensuel peut assumer le monde et dire ses colères, au risque de déranger. Et sans pour autant se renier. V.L.
Je recopie le texte:
Francis Cabrel - Des roses et des orties
Ce n'est pas tant la voix qui change, ni l'accent, évidemment. Ce ne sont pas non plus les musiques, même si les incursions rock, folk et latinos s'enrichissent cette fois de résonances arabisantes. Ce qui change surtout, c'est le poids du propos. Comme si Francis Cabrel, le réservé osait assumer une parole plus personnelle qu'hier. L'engagement est flagrant dès le premier morceau : il chante le désir avec une impudeur soudaine, au gré des inflexions sensuelles d'une très belle guitare flamenca; c'est doux, poétique, léger.
Le reste ne l'est pas. C'est la seconde surprise: passé l'insouciance amoureuse, Cabrel a le ton grave, sombre, inquiété, inquiétant. Jamais il n'a porté un chant si politique. Il dit l'Afrique déboussolée qui rêve du Nord mais se cogne à ses barbelés; les fossés trop profonds entre les puissants protégés et le monde déchiré; la folie ordinaire qui guette tout un chacun sous la pression du quotidien. Et puisque, malgré tout, on ne se refait pas, l'appel à la fraternité refait régulièrement surface, comme s'il lui fallait respirer. Sentiments généreux teintés de naïveté...
Cabrel le rêveur côtoie le révolté. Preuve qu'après trente ans de carrière un chanteur consacré au discours longtemps consensuel peut assumer le monde et dire ses colères, au risque de déranger. Et sans pour autant se renier. V.L.