Parenthèse
je recopie
Du Cabrel pur jus, sans aucun doute. Bien produit, carré, toujours agréable. Contrairement à ce que son titre laisse penser, cet album ne pique pas.Ah, Francis, quelle allure ! Cette petite blague, au début de l’écoute de l’album...« Je vais vous présenter mon nouveau film ! » Les journalistes présents se sont marré. Voilà Francis Cabrel, l’homme aux 14 millions d’albums, le moustachu du Lot-et-Garonne, le porte-voix des petites gens… Qui, malgré son incontestable stature dans la chanson française, pond depuis dix ans des albums qui se ressemblent tous, celui-ci compris.
Déjà, il y a ce titre, « Des roses et des orties ». Sérieusement, Francis… Pour le prochain, je te propose « Le Chêne et le Renard », ou « Le Corbeau et le Roseau », à voir.
On retrouve là-dedans ce que l’on aimait déjà de Francis Cabrel : une conscience aiguë du monde qui l’entoure, doublée d’un talent de parolier (poète ?) indéniable.
Mais ce que l’on découvre avec surprise, c’est un engagement presque politique, enfin assumé, dans le traitement des questions d’aujourd’hui. Et il tape dans tous les sens : immigration (« African Tour »), discrimination (« Les hommes pareils »), hommes de pouvoir et tours d’ivoire (« Les cardinaux en costume »). Thèmes auxquels s’ajoute un questionnement sur la place de l’artiste dans le monde (« Des gens formidables »). Chez Cabrel, la revendication est volontairement naïve, voire agaçante (oui, la pauvreté est révoltante, surtout quand elle oblige à dormir dehors, et non, les riches ne partagent pas…). Mais voilà, le choix des mots et des rimes est parfait.
Au niveau de l’instrumentation, Cabrel nous avait promis des guitares, et l’on est servi. A toutes les sauces, souvent acoustiques, parfois douze-cordes, parfois électriques à gros sabots (« Né dans le bayou », adaptation de J.J. Cale). Cabrel n’oublie jamais de rendre hommage au blues, ni à ceux qui sont ses idoles depuis ses premiers émois musicaux, à Agen, avec son band « Les Gaulois ». En tête de liste, Dylan, dont il reprend « She Belongs To Me » en fin d’album, devenue pour l’occasion « Elle m’appartient (c’est une artiste) ».