RENCONTRE: Francis Cabrel
"Une star à sa façon"
Loin de toutes les futilités et tous les artifices dont s'encombrent certaines "stars" du show-biz, Francis Cabrel, maître incontesté de la chanson française, avec quelques autres grands de sa génération, sert une belle leçon d'humilité. D'une désarmante simplicité, une gentillesse innée, franc, direct et l'humour au bout de la langue malgré un semblant d'impassibilité, l'auteur de Petite Marie, Je l'aime à mourir, L'encre de tes yeux… se livrait hier, à l'hôtel Dinarobin, au Morne. Ce soir, au Centre Vivekananda, à Pailles, le chanteur se produit à l'initiative d'Immedia. Rencontre avec "Une star, à sa façon" …
Empruntons, le temps d'une rencontre emplie d'humanité et de douceur, le titre d'une de ses propres compositions, pour rendre hommage à ce grand défenseur de la chanson française. Star à sa façon est une de ses premières compositions, parue sur son deuxième album "Chemins de traverse", sorti en 1979 et sur lequel on retrouve aussi Je l'aime à mourir. Artiste qui est resté en marge du star-system tout au long de sa belle carrière - 30 ans au compteur, l'an prochain ! - Francis Cabrel se produit ce soir pour un unique concert mauricien, au Swami Vivekananda Centre de Pailles. L'initiative est de l'agence Immedia, qui organise, pour la deuxième fois, un concert de Francis Cabrel à Maurice. L'artiste lui, s'il avoue " venir souvent en vacances, avec ma famille, à Maurice ", en est, pour sa part, à son quatrième concert sous le ciel mauricien.
" La dernière fois que je suis venu remonte à dix ans. Ça commençait à faire long ! ", confie-t-il, reconnaissant que " je ne m'étais pas rendu compte que cela faisait autant de temps ! " Des " tournées françaises longues ", entre autres, l'ont tenu loin de "son" public local. Un public qu'il décrit affectueusement, d'ailleurs. " J'ai le souvenir de gens qui chantent avec moi quand je suis en concert ici ; des gens qui connaissent mes chansons. Je n'ai que de bons souvenirs de mon public mauricien. " Et Cabrel se rappelle surtout d'un de ses concerts à La Citadelle… " Il pleuvait… ", se remémore-t-il, souriant. À ses côtés, sur la balançoire où ils ont pris place, Rama Poonoosamy, initiateur de sa présente venue chez nous, le rassure, car le Swami Vivekananda est une salle couverte. Questionné quant à l'âge de son public et s'il arrive à réconcilier ceux qui le suivent depuis ses débuts à la fin des années 70 et la génération actuelle, nourrie de télés-réalités, Cabrel lâche simplement : " Je ne porte pas de lunettes quand je chante sur scène… " Oscillant entre humour et sérieux, le chanteur promet, pour se faire pardonner de ses fans locaux, de sa longue absence, " de me donner à fond. Jusqu'au petit matin, même… À quelle heure est-ce que le jour se lève ici ? "
Dialogue et harmonie
Avouant aimer " toutes mes chansons, sans distinction ", quand il réalise " la douleur que j'ai eu à les composer ", Francis Cabrel évoque le métier qui est le sien. Composer, pour lui, relève de l'effort du cruciverbiste. " Je joue avec les mots. Je monte des phrases, des expressions ; je les démonte et les remonte. " Tout cela pour dire " des sentiments humains ; ce que la vie fait de nous… " Ainsi sont les chansons de Cabrel ; des tranches de vie, d'amour, de solitude, de peines. Certes, depuis ses débuts rock, ou plutôt, contestataire, de la veine des Ma place dans le trafic, Tourner les hélicos, Saïd et Mohamed, Question d'équilibre, Encore et encore… aux morceaux plus calmes de ses derniers opus, Cabrel s'est "assagi". Mais l'auteur-compositeur-interprète continue à " être interpellé par des choses comme la montée de l'intégrisme ; le manque de dialogue entre les gens ; l'harmonie manquante auprès de certains… Ce sont des choses qui me perturbent, sur lesquelles je m'interroge. " L'écologie également sollicite son attention. Des thèmes que ses fans retrouveront sur son prochain album, " qui sortira l'année prochaine, pour marquer mes 30 ans de carrière. "
Proche de la vie politique de sa ville natale, Astaffort, dont il a été le conseiller municipal en 1989, et fervent supporter de l'équipe de rugby d'Agen, qu'il admet être quasiment inconnue, Francis Cabrel récuse toute proximité avec la vie politique. " La politique, témoigne-t-il, ce n'est pas dans mon tempérament. Et je ne pense pas que c'est le rôle d'un artiste de faire le jeu des politiques. Les hommes politiques se servent des artistes quand ils ont besoin de ces derniers et ensuite, les abandonnent. " De la même manière, il estime que l'artiste a un rôle social mais avec des limites.
Disant son admiration pour les jeunes tels que Vincent Delerme, M ou encore Cali, qui " écrivent de belles petites histoires bien ficelées ", Cabrel, du haut de ses 30 ans de carrière, reste l'artiste hors normes, qui récuse toute étiquette et qui a su injecter ce qu'il faut de fraîcheur et de nouveauté à son œuvre pour qu'elle défie les limites du temps.
Ce soir, le temps d'un tour de chant d'à peu près 120 minutes, Francis Cabrel et ses musiciens nous feront vivre, une fois encore, un rêve éveillé… Rappelons que ce soir le concert sera joué à guichets fermés, les billets étant épuisés depuis samedi dernier.
http://lemauricien.com/mauricien/in060919.htm
"Une star à sa façon"
Loin de toutes les futilités et tous les artifices dont s'encombrent certaines "stars" du show-biz, Francis Cabrel, maître incontesté de la chanson française, avec quelques autres grands de sa génération, sert une belle leçon d'humilité. D'une désarmante simplicité, une gentillesse innée, franc, direct et l'humour au bout de la langue malgré un semblant d'impassibilité, l'auteur de Petite Marie, Je l'aime à mourir, L'encre de tes yeux… se livrait hier, à l'hôtel Dinarobin, au Morne. Ce soir, au Centre Vivekananda, à Pailles, le chanteur se produit à l'initiative d'Immedia. Rencontre avec "Une star, à sa façon" …
Empruntons, le temps d'une rencontre emplie d'humanité et de douceur, le titre d'une de ses propres compositions, pour rendre hommage à ce grand défenseur de la chanson française. Star à sa façon est une de ses premières compositions, parue sur son deuxième album "Chemins de traverse", sorti en 1979 et sur lequel on retrouve aussi Je l'aime à mourir. Artiste qui est resté en marge du star-system tout au long de sa belle carrière - 30 ans au compteur, l'an prochain ! - Francis Cabrel se produit ce soir pour un unique concert mauricien, au Swami Vivekananda Centre de Pailles. L'initiative est de l'agence Immedia, qui organise, pour la deuxième fois, un concert de Francis Cabrel à Maurice. L'artiste lui, s'il avoue " venir souvent en vacances, avec ma famille, à Maurice ", en est, pour sa part, à son quatrième concert sous le ciel mauricien.
" La dernière fois que je suis venu remonte à dix ans. Ça commençait à faire long ! ", confie-t-il, reconnaissant que " je ne m'étais pas rendu compte que cela faisait autant de temps ! " Des " tournées françaises longues ", entre autres, l'ont tenu loin de "son" public local. Un public qu'il décrit affectueusement, d'ailleurs. " J'ai le souvenir de gens qui chantent avec moi quand je suis en concert ici ; des gens qui connaissent mes chansons. Je n'ai que de bons souvenirs de mon public mauricien. " Et Cabrel se rappelle surtout d'un de ses concerts à La Citadelle… " Il pleuvait… ", se remémore-t-il, souriant. À ses côtés, sur la balançoire où ils ont pris place, Rama Poonoosamy, initiateur de sa présente venue chez nous, le rassure, car le Swami Vivekananda est une salle couverte. Questionné quant à l'âge de son public et s'il arrive à réconcilier ceux qui le suivent depuis ses débuts à la fin des années 70 et la génération actuelle, nourrie de télés-réalités, Cabrel lâche simplement : " Je ne porte pas de lunettes quand je chante sur scène… " Oscillant entre humour et sérieux, le chanteur promet, pour se faire pardonner de ses fans locaux, de sa longue absence, " de me donner à fond. Jusqu'au petit matin, même… À quelle heure est-ce que le jour se lève ici ? "
Dialogue et harmonie
Avouant aimer " toutes mes chansons, sans distinction ", quand il réalise " la douleur que j'ai eu à les composer ", Francis Cabrel évoque le métier qui est le sien. Composer, pour lui, relève de l'effort du cruciverbiste. " Je joue avec les mots. Je monte des phrases, des expressions ; je les démonte et les remonte. " Tout cela pour dire " des sentiments humains ; ce que la vie fait de nous… " Ainsi sont les chansons de Cabrel ; des tranches de vie, d'amour, de solitude, de peines. Certes, depuis ses débuts rock, ou plutôt, contestataire, de la veine des Ma place dans le trafic, Tourner les hélicos, Saïd et Mohamed, Question d'équilibre, Encore et encore… aux morceaux plus calmes de ses derniers opus, Cabrel s'est "assagi". Mais l'auteur-compositeur-interprète continue à " être interpellé par des choses comme la montée de l'intégrisme ; le manque de dialogue entre les gens ; l'harmonie manquante auprès de certains… Ce sont des choses qui me perturbent, sur lesquelles je m'interroge. " L'écologie également sollicite son attention. Des thèmes que ses fans retrouveront sur son prochain album, " qui sortira l'année prochaine, pour marquer mes 30 ans de carrière. "
Proche de la vie politique de sa ville natale, Astaffort, dont il a été le conseiller municipal en 1989, et fervent supporter de l'équipe de rugby d'Agen, qu'il admet être quasiment inconnue, Francis Cabrel récuse toute proximité avec la vie politique. " La politique, témoigne-t-il, ce n'est pas dans mon tempérament. Et je ne pense pas que c'est le rôle d'un artiste de faire le jeu des politiques. Les hommes politiques se servent des artistes quand ils ont besoin de ces derniers et ensuite, les abandonnent. " De la même manière, il estime que l'artiste a un rôle social mais avec des limites.
Disant son admiration pour les jeunes tels que Vincent Delerme, M ou encore Cali, qui " écrivent de belles petites histoires bien ficelées ", Cabrel, du haut de ses 30 ans de carrière, reste l'artiste hors normes, qui récuse toute étiquette et qui a su injecter ce qu'il faut de fraîcheur et de nouveauté à son œuvre pour qu'elle défie les limites du temps.
Ce soir, le temps d'un tour de chant d'à peu près 120 minutes, Francis Cabrel et ses musiciens nous feront vivre, une fois encore, un rêve éveillé… Rappelons que ce soir le concert sera joué à guichets fermés, les billets étant épuisés depuis samedi dernier.
http://lemauricien.com/mauricien/in060919.htm